LE CHEMIN........... Du Mont à Compostelle.
SÉQUENCE 1 : LES MARCHES DE BRETAGNE
AVANT PROPOS
Partir sur le chemin... Une idée qui germe progressivement dans votre esprit et qui s'impose au fil du temps.
Je n'ai pas voulu le faire plus tôt car je désirais justement prendre le temps pour réaliser ce périple en état d'esprit de pèlerin et non de randonneur.
Et d'abord, pourquoi partir ? Nous avons chacun de multiples raisons de prendre cette décision. En ce qui me concerne, je le fais pour ceux qui me sont proches et en particulier mes petits enfants.
Je marche également pour moi-même. C'est une situation qui permet de se retrouver, d'évacuer toute pensée futile et de ne se concentrer que sur l'instant présent. C'est également un excellent entretien physique tout en douceur.
Il est connu qu'on pense bien quand on marche.
Un pèlerin part de chez lui à pied et revient à pied chez lui .
J'ai choisi de débuter mon périple au Mont Saint Michel, près de ma terre natale. C'est pour moi un lieu prestigieux, hautement symbolique. Mon chemin m'emmènera ensuite sur les Marches de Bretagne jusqu'à Clisson. Je poursuivrai alors ma route sur les chemins vendéens et charentais qui me permettront de rattraper la fameuse voie de Tours à hauteur de Saintes.
Ce chemin, en passant dans les environs de Dax me fera bifurquer vers Bayonne et Irun pour emprunter le Camino Del Norte. Voie qui longe le pays Basque espagnol, la Cantabrie, les Asturies. A partir d'Oviedo, j'emprunterai le Camino Primitivo vers Saint Jacques de Compostelle.
Je reviendrai alors chez moi par le Camino Frances jusqu'au col de Roncevaux dans les Pyrénées avant de terminer cette aventure sur la voie d'Arles passant par Toulouse.
C'est une longue route, quelque peu vertigineuse. Bien d'autres l'ont réalisée avant moi. Ce n'est pas du courage, juste un peu de volonté.
Rendez-vous à compter du 10 août pour le départ de cette aventure.
29 juillet 2021
Lundi 09 août 2021
Le Mont Saint Michel
Un voyage de 1000 km commence par un seul pas (Lao Tseu).
Et bien voilà, je suis ce soir au Mont, bien installé à la maison du pèlerin. J'ai environ devant moi 3x1000 km pour atteindre mon objectif. Je compte sur la bienveillance de l'Archange, que je suis allé saluer, pour me soutenir.
Il me tarde donc de débuter cette aventure et de quitter la foule de touristes ( la COVID ne semble pas freiner la fréquentation du monument) quotidienne.
Après un dîner énergétique (des pâtes), je vais me rendre à la visite nocturne de la basilique, proposée en juillet/août uniquement. C'est beaucoup plus calme et envoûtant.
A demain pour la première étape.
Mardi 10 août 2021
Jour 1
Mont Saint Michel / Val Couesnon (anciennement Antrain)
33km
Dans sa folie, le Couesnon a mis le Mont en Normandie !
Eh oui, j'ai débuté mon trajet en Normandie... Pour revenir rapidement en Bretagne !!
Départ tôt car distance non négligeable à parcourir, environ 33 km.
Ce parcours a suivi essentiellement le GR 34 en passant par Pontorson et Pleine Fougères. Temps clément bien que menaçant par moments (risque de crachin).
Le barrage de la caserne à l'embouchure du Couesnon permet par effet de chasse d'empêcher les sédiments d'envahir la baie.
Pleine Fougères : le manoir (ou château) de Chauffault ou Chauffaux ou Chauffot (XVI-XVIIème siècle)
Le trajet est sans difficulté particulière. Le maïs, étant une culture dominante dans le secteur ( zone importante de production laitière), nous prive souvent du panorama.
L'abri du pèlerin d'Antrain étant complet, j'ai été hébergé chez Marie Claire et René, un couple de particuliers charmants.
Merdredi 11 août 2021
Jour 2
Val Couesnon / Fougères
32km / 65km
Journée paisible en grande partie sur une voie verte (ancienne voie de chemin de fer). L'avantage de ces chemins est qu'ils sont presque plat. Donc, moins de fatigue, on avance plus vite. Les 32 km ont été effectués facilement, juste un peu ennuyeux sur la fin. J'en ai profité pour aller saluer un oncle à Maen Roch (anciennement Saint Brice en Cogles), cela m'a permis de souffler un peu.
A Fougères, j'ai été accueilli par les sœurs de la Communauté de Rillé qui fait gîte d'étape pour les pèlerins.
Mon oncle Pierre Breton...Un breton né en Bretagne avec comme nom de famille Breton.... Qui dit mieux ?
Fougères, sentinelle des Marches de Bretagne.Le château de Fougères est l'un des plus imposants châteaux forts français, occupant une superficie de deux hectares, et constituant un ensemble médiéval du xiie au xve siècle.
Jeudi 12 août 2021
Jour 3
Fougères / Vitré
37km / 102km
Les jours se suivent et se ressemblent.
Voie verte entre Fougères et Vitré.
Je voulais joindre ces 2 villes à pied, c'est fait... Après 37 km.
La voie est pas mal fréquentée par des cyclistes et des coureurs à pied. Des pèlerins.... Que nenni pour le moment.... Mais ça va venir !
A mi- parcours, sur la commune de Chatillon en Vendelais, j'ai pu faire une halte bienvenue chez un cousin.
Les températures ont largement grimpées, ce qui permet enfin de mois sonner dans le pays de Vitré mais se ressent fortement pour la marche. Heureusement, il y a pas mal d'ombre.
Ce soir, après un dîner chez des amis, une belle sœur, Danièle, m'accueille pour la nuit. Eh oui, je suis chez moi ici !
Vitré. Ma ville ! Le château de Vitré est un puissant château fort situé à l'extrémité occidentale de la ville fortifiée de Vitré, en Ille-et-Vilaine, sur les marches de Bretagne.
Vendredi 13 août 2021
Jour 4
Vitré / Drouges
30km / 132km
Journée de marche de 30 km qui a alterné entre route, voie verte et chemin. La plupart du trajet, j'étais sous les ombrages. Heureusement, car le soleil était bien présent aujourd'hui. Ce qui me surprend depuis le début sur les voies vertes est qu'il y a très peu de bancs pour se reposer. Comme l'herbe est humide sur les bas-côtés, on ne s'arrête pas, on marche !
Heureuse surprise à l'arrivée avec un gîte pour pèlerins vraiment classe équipé de tout le nécessaire pour laver, cuisiner, etc.. On devrait en trouver plus souvent dans les villages !
Seul bémol, internet passe très mal.
J'ai dû faire plus d'un km afin de pouvoir passer l'article.
Le château des Rochers Sévigné cher à la marquise du même nom.Le château des Rochers-Sévigné, ancienne résidence bretonne de Madame de Sévigné, est un manoir gothique du xve siècle situé à proximité de Vitré en Ille-et-Vilaine.
Samedi 14 août 2021
Jour 5
Drouges / Chateaubriant
30km / 162km
Aujourd'hui, j'ai quitté la Bretagne administrative. Je suis entré en Loire-Atlantique. C'est une zone peu propice à la randonnée. Il y a très peu de chemins afin d'éviter les voies de circulation. Les forêts sont souvent grillagées et nous imposent de passer sur les voies publiques. Bref, tout le trajet, 28 km, s'est effectué sur route, heureusement, routes secondaires avec peu de circulation. Le soleil, bien présent, se fait sentir à partir de midi avec beaucoup moins d'ombre qu'hier.
La randonnée est une activité physique de temps long. Il faut savoir économiser ses forces pour durer. Ce sont les jambes et le dos qui sont le plus sollicités. Donc, quand il fait frais le matin, on peut marcher 2 heures tranquillement. Dès que la chaleur se manifeste, il faut savoir modérer son rythme et s'arrêter toutes les heures,sans oublier de s'hydrater. C'est comme ça que j'arrive tranquillement à faire mes 30 km quotidiens.
Je crains que demain, ce soit le même type de trajet.
Châteaubriant, excepté son château, est une ville sans intérêt et qui offre peu d'opportunités d'hébergement aux randonneurs. Comme il fait beau, je me suis orienté vers le camping municipal. Petite anecdote, ce camping demande 100 € de caution à l'entrée, pour un emplacement à 5 €, ce que j'ai bien évidemment refusé !
Concentré d'énergies renouvelables au sud de l'Ille et Vilaine. Méthanisation, solaire et éolien. Vous pouvez consommer, l'énergie est là !
Chateaubriant, son château..Le château a été établi au xie siècle sur les Marches de Bretagne et, comme ceux de Vitré, Fougères, Ancenis et Clisson, il était chargé de défendre la Bretagne face au Comté d'Anjou.
Dimanche 15 août 2021
Jour 6
Chateaubriant / Pannecé
35km / 197km
Journée de liaison sans grand intérêt.
Les 35 km ont été exclusivement fait sur route secondaire. Heureusement que les accôtements sont stabilisés. Ceci évite de marcher constamment sur le bitume. C'est meilleur pour les genoux et les semelles.
Petit détail, il y a beaucoup moins de maïs, le panorama est de ce fait plus étendu.
Je pense qu'il y a peu de chemins de randonnées car les grandes exploitations présentes les ont effacées.
Je pense qu'à partir d'Ancenis, ce devrait être beaucoup mieux.
Petite anecdote : quelques km après Chateaubriant, j'ai entendu un boum-boum caractéristique des raves-party. Des locaux m'ont confirmé que s'en était effectivement une. Il y en a à priori beaucoup dans le coin ! Et voilà, ce soir dodo sous la tente car aucun gîte disponible.
J'ai heureusement trouvé un couple sympa pour remplir ma gourde et ma batterie...Sinon, pas d'article ce soir !
Lundi 16 août 2021
Jour 7
Pannecé / Saint Sauveur de Landemont
30km / 227km
Ça y est, la Loire est franchie !
Comme prévu, sur un total de 30, les 15 premiers km me séparant d'Ancenis n'étaient pas très folichons. Surtout beaucoup plus de circulation.
Ce qui me désole depuis le début de mon périple sur les routes est la quantité de canettes, bouteilles plastiques, emballages de toute sorte et..... masques jonchant les bas-côtés. Il y a encore un gros travail de pédagogie à faire de ce côté là.
Ancenis, avant dernière ville des Marches de Bretagne ne mérite pas non plus de détour. Son château n'existe plus que par quelques vestiges. Ce midi, petit repas au pied du château avec un verre de muscadet, cela va de soi !
En contrepartie, la Loire est toujours aussi majestueuse. Le GR la longe sur quelques km et c'est un régal.
Le paysage agricole change également. On passe d'une agriculture de céréales et d'élevage, au vignoble produisant essentiellement du muscadet.
Arrivée paisible au gîte de Saint Sauveur de Landemont. C'est un ancien presbytère restauré par la commune et mise en gérance à un couple.
Mardi 17 août 2021
Jour 8
Saint Sauveur de Landemont / Clisson
25km / 252km
La voilà la Blanche Hermine vive la mouette et l'ajonc
La voilà la Blanche Hermine vive Fougères et Clisson !
La Blanche Hermine Gilles Servat
Exit les Marches de Bretagne !
Étape de liaison sympathique de 25 km au sein du vignoble de Clisson. Le parcours était essentiellement sur de petites routes très peu fréquentées. Temps clément, peut-être un peu lourd.
J'ai fait un arrêt bistro pour me restaurer dans la capitale du muscadet : Vallet.
Arrivée à Clisson, dernière ville des Marches avant de pénétrer en Vendée. Étant donné que je suis arrivé assez tôt dans l'après-midi, j'ai pu visiter le petit centre historique et son château avant de rejoindre mon auberge.
C'est une petite cité de caractère qui mérite le détour.
Quelques clichés de Clisson.Édifié par les puissants seigneurs de Clisson du xie siècle jusqu'au xve siècle, ce château fort devient un point stratégique et défensif des Marches de Bretagne, protégeant la frontière du duché de Bretagne.
En guise de conclusion pour cette séquence, je déconseille de prendre le trajet que j'ai parcouru pour suivre le chemin de Saint Jacques . Il devient monotone à partir de Chateaubriant en étant essentiellement sur route.
Prendre la voie des Plantagenets vers Anger ou celle passant par Rennes, Redon et Nantes me semble une bien meilleure option. Je l'ai fait car il ne me manquait que cette partie de la Bretagne non parcourue à pied.
Ainsi, la boucle est bouclée !
SÉQUENCE 2 : LES CHEMINS VENDÉENS ET CHARENTAIS .
Merdredi 18 août 2021
Jour 9
Clisson / Saint Georges de Montaigu
25km / 277km
La digue du cul, en revenant de Nantes (bis)
De Nantes à Montaigu, la digue, la digue,
De Nantes à Montaigu, la digue du cul.
Chanson paillarde
Et voilà, j'ai quitté la Bretagne historique pour la Vendée. Après avoir passé une bonne nuit à l'hôtel, je suis parti ce matin sur le chemin vendéen.
Le tracé est bien indiqué et évite les routes en grande partie. Trajet de 25 km agréable et tranquille. Petit stop café à Montaigu après une bonne sieste dans un champ contre une botte de paille !
Au sujet de la nourriture. Il n'y a aucune difficulté de ravitaillement. Inutile de charger son sac au-delà d'un morceau de pain, saucisson, chocolat et pommes. Il y a tout ce qu'il faut sur le trajet. On trouve des commerces environ tous les 10 km. Mais ajouté à cela, la nature est elle-même nourricière à qui sait regarder. C'est la bonne saison. On trouve des orties, des mûres, de l'aubépine, des prunes et bientôt des figues, des noisettes, des pommes, etc....
Il n'y a qu'à cueillir !
Arrivée tôt à Saint Georges de Montaigu. Après être passé à la mairie pour le tampon sur mon crédencial, je me suis dirigé chez Thérèse qui fait accueil pélerin et me propose même à dîner, génial !
Jeudi 19 août 2021
Jour 10
Saint Georges de Montaigu / Vendrennes
30km / 307km
Aujourd'hui, étape de 30 km plutôt paisible. 2/3 du parcours sur chemin, très agréable. 1/3 sur route, moins plaisant. Cependant, le chemin est très bien balisé. Il faut en vouloir pour s'égarer !
Halte restauration au bourg de Saint Fulgent.
Petite remarque, depuis que je suis entré en Vendée, les toits des maisons ne sont plus recouverts d'ardoises mais de tuiles. Ça met un peu de couleur !
Vendrennes, petit village tranquille. La tombe de Georges Clémenceau « Le Père la Victoire » se trouve sur la commune voisine : Mouchamps.... Trop loin pour une photo ! Je suis accueilli chez Mme Loiseau, au cœur du village.
Chez Bernard et Marie, il y a une tradition vendéenne : c'est celle de la cave. Il s'agit pour les hommes en particulier de boire un verre dans un espace dédié, comme dans les fermes à l'époque. On disait alors : boire un coup au cul de la tonne.
C'est une tradition qui perdure en Vendée. Plutôt sympa.
Vendredi 20 août 2021
Jour 11
Vendrennes / La Jaudonnière
35km / 342km
Aujourd'hui, étape sans grand intérêt. 35 km au 3/4 sur route. Repos à Mouchamps et Chantonnay.
Les champs de maïs font progressivement place aux champs de tournesols. Ce qui est également étonnant lorsque l'on traverse les hameaux est qu'ils paraissent déserts. Soit les gens travaillent, soit ils sont partis en vacances...
J'ai enfin croisé mes premiers pélerins. Un couple se rendant à Compostelle au départ de Nantes dont la femme est atteinte d'une sclérose en plaque. Respect.....
Arrivée chez Mme Huchin à la Jaudonnière qui m'a réservé le meilleur accueil.... Son chien aussi d'ailleurs...
Un drame s'est produit ici en 1794 : le parc du château de Soubise. 200 catholiques ont été fusillés et brûlés par des révolutionnaires. Trop de religion tue, pas de religion tue également....
Samedi 21 août 2021
Jour 12
La Jaudonnière / Fontenay le Comte
33km / 375km
Journée plutôt agréable en grande partie sur le GR 364 en sous-bois. Bifurcation en fin d'après-midi vers Fontenay le Comte pour un accueil pèlerin. Il n'y avait plus de disponibilité sur le chemin.
Par endroit, on se retrouve dans un paysage de bocage. L'activité dominante semble être l'élevage industriel de volailles. Il y a de nombreux bâtiments consacrés à cette production .
Mr et Mme Romieux habitent dans Fontenay et m'ont accueilli de la meilleure des manières qui soit: avec une bière !
Fontenay le Comte : petite cité provinciale. Sa tour Rivalland manifeste son anticléricalisme en voulant être plus haute que la flèche de Notre-Dame de Fontenay !
Dimanche 22 août 2021
Jour 13
Fontenay le Comte / Saint Hillaire de la Palud.
28km / 403km
Aujourd'hui, mon étape, excepté les premiers km, s'est déroulée intégralement dans le marais poitevin. On y entre par Mallezais, où se situe une abbaye. Après une petite pause, j'ai poursuivi en direction de Maillé, où j'ai fait mon arrêt repas. Et quelle pause ! Une guinguette au bord du canal qui fait des galettes et des crêpes comme en Bretagne ! Et cerise sur le gâteau, un duo de musiciens jouant et chantant des chants de marins!
Après cet intermède, j'ai tranquillement poursuivi ma route vers le camping du Lidon, au bord du canal. J'ai décidé de camper car il fait beau et que le marais poitevin s'y prête admirablement. Il y a d'ailleurs pas mal de touristes dans le coin.
A savoir que j'ai quitté la Vendée et suis entré en Charente-Maritime (c'est à dire en Nouvelle Aquitaine) au niveau de l'embarcadère des écluses du Bazoin, quelques km avant le camping.
Lundi 23 août 2021
Jour 14
Saint Hillaire de la Palud / Surgères
28km / 431km
Les jours se suivent et se ressemblent.
Jour ensoleillé avec une première partie en suivant un canal. Les 10 derniers km ont été moins marrants. J'ai marché sur une petite route avec très peu d'ombre. Autant dire que j'étais content d'arriver ! Même avec un chapeau, marcher sous le soleil (28°) ce n'est pas marrant !
J'ai fait un stop ce midi à Mauzé le Mignon à partir duquel on sort du marais poitevin.
Je campe à nouveau ce soir au camping de la Gères à Surgères.
Surgères, son château... vaste ensemble castral, édifié originellement au Moyen Âge, à la fin de la période carolingienne.
Mardi 24 août 2021
Jour 15
Surgères / Saint Savinien
35km / 466km
Ce fut une étape plutôt longue, mais sur des chemins agréables évitant au maximum les routes. J'ai décidé de me diriger directement vers Saintes en suivant cet itinéraire bien renseigné par un topo mais non balisé. Le temps est toujours au top. Pourvu que ça dure !
Petite halte repas à Tonnay Boutonne.
Le patron du bistro fait partie de la confrérie de la Table ronde française dont le but est de favoriser le rapprochement entre jeunes hommes responsables et de professions différentes.
On en apprend tous les jours !
L'arrivée à Saint Savinien se fait par un GR qui nous amène directement sur le parvis de l'église, ce qui permet d'avoir une belle vue sur la Charente. Comme il fait beau, j'en profite pour planter ma tente au camping situé au cœur du village.
Mercredi 25 août 2021
Jour 16
Saint Savinien /Saintes
25km / 491km
Encore et toujours une belle journée ensoleillée!
La trajectoire proposée par le topoguide a été plutôt agréable. Comme hier, les axes fréquentés ont été évités. Cela a été une alternance de petites routes et de chemins.
J'ai fait une pause à Taillebourg où se trouve un château sans grand intérêt.
Un jour de plus où j'ai été seul sur le chemin. Pas une ombre de pèlerin en vue!
Ce soir, je dors au gîte du pèlerin à Saintes, à proximité de l'église Saint Eutrope, au cœur de la ville. Et toujours pas une ombre de pèlerin à l'horizon ! On verra les prochains jours.
Ben oui, j'ai achevé la deuxième séquence de mon périple. A partir de Saintes, je suis sur le chemin de Paris et Tours. Et donc, demain, je débute la séquence 3 de mon voyage !
SÉQUENCE 3 : VOIE DE TOURS.
Jeudi 26 août 2021
Jour 17
Saintes / Pons
23km / 514km
Aujourd'hui, après avoir quitté Saintes, on sent vraiment que l'on rentre dans le sud. Les toits des maisons sont roses, les murs plus blancs, et les 23 km du trajet se déroulent au milieu du vignoble saintongeois ( production du fameux cognac apprécié du monde entier) et des champs de tournesols.
On marche la plupart du temps sur des hauteurs. Le beau temps permet d'admirer un beau panorama.
Je viens donc d'entamer la séquence 3 de mon périple : le chemin de Paris et de Tours. L'impression de pèlerin est plus forte car le chemin est jalonné de bornes et de haltes jacquaires.
Pour cette étape, je loge à l'hôtel de Bordeaux à Pons ( prononcer Pon). Il y a un accueil pèlerin mais comme on m'avait signalé au téléphone qu'il était complet, j'ai pris les devants. Hors, en arrivant à l'office du tourisme, on m'a dit qu'il y avait de la place. Prendre trop de précautions nuit parfois !
Au fait, comment vais-je après tous ces km. Et bien, en super forme. Pas d'ampoule, pas de fatigue musculaire... Le beau temps aide à se tenir en condition.... Pourvu que ça dure!
Les écoles du corps technique de l'armée de l'air : c'est ici que sont formés les " arpettes", les fameux mécanos.
Pons : son donjon. Cette tour est l'ancien donjon du château de Pons. Haut de 33 m, il est visible de très loin et constitue le symbole de la ville. Panorama de la ville vue du sommet.
Vendredi 27 août 2021
Jour 18
Pons / Mirambeau
32km / 546km
Étape de sans difficulté particulière. Bien évidemment, le beau temps est toujours présent.
La première partie du trajet s'est effectuée au milieu du vignoble, jusqu'à Saint Genis de Saintonge, la seconde au milieu d'un paysage agricole plus classique (maïs et tournesol), mais plus ombragé.
J'ai pu constater que la période de chasse approche car les faisans et perdrix ont fait leur apparition !
Preuve qu'on est bien dans le sud, des invités m'accompagnent dans les sous-bois à l'abri du vent, en tournoyant autour du visage : les moustiques !
Heureuse surprise à l'arrivée, je n'avais rien réservé et en contactant l'office du tourisme, celui-ci m'a indiqué qu'un gîte municipal venait juste d'ouvrir au lieu-dit Petit Niort, 2 km après Mirambeau. C'est un très beau gîte de 7 places. 2 pèlerines y séjournent également pour la nuit.
Samedi 28 août 2021
Jour 19
Mirambeau / Lamarque
35km / 581km
Et bien voilà, je suis dans le département de la Gironde et l'estuaire du même nom est franchi !
Je devais initialement faire une courte étape jusqu'à Saint Aubin de Blaye. Mais, arrivé tôt sur place, le beau temps étant de la partie et étant en "cannes", j'ai modifié mon planning et poursuivi mon trajet.
Donc, ça a été une étape plutôt longue, mais facile. Première moitié jusqu'à Etauliers sur une petite route sans intérêt, seconde partie sur une voie verte au milieu du vignoble des côtes de Blaye.
L'arrivée sur l'estuaire de la Gironde est un point clé car il marque clairement le passage dans le sud ouest avec des accents plus chantants. C'est aussi le franchissement de l'avant dernier fleuve avant la frontière espagnole.
Ayant une heure devant moi avant l'embarquement, j'en ai profité pour faire une rapide visite de la citadelle. Celle-ci est mentionnée comme étant le verrou de la Gironde et une des plus vaste construite par Vauban. Elle est semblable aux autres mais mérite toutefois le détour !
Le bac, au départ de Blaye, nous transporte au petit village de Lamarque de l'autre côté de l'estuaire, ce dernier étant , dit-on, le plus vaste d'Europe.
Je suis hébergé chez Mr et Mme Bordes, un couple charmant, heureux d'accueillir des pèlerins afin de vivre des aventures par personne interposée!
La citadelle de Blaye est un complexe militaire de 25 hectares bâti entre 1685 et 1689 par l'ingénieur militaire François Ferry, directeur général des fortifications de Guyenne, sous la supervision de Vauban.
Dimanche 29 août 2021
Jour 20
Lamarque / Le Bouscat (Bordeaux Nord)
36km / 617km
Journée difficile. Mes jambes m'ont fait sentir sur les derniers km qu'il fallait se calmer un peu. 71 km depuis hier matin. Promis, demain petite étape de 15 km pour rejoindre le sud de Bordeaux !
Sinon, journée très agréable au sein du vignoble bordelais du Médoc et de la forêt avec ses effluves d'essence de pin. Le trajet est en grande partie sur des chemins entre ombre et soleil. J'ai fait un gros stop à Arsac où je me suis ravitaillé (il faut être prudent, le dimanche peu de magasins sont ouverts) et y ai déjeuné. J'ai rencontré un couple de randonneurs qui marchait dans l'autre sens. Ils sont partis du Puy en Velay en passant par Saint Jean Pied de Port avec pour destination finale Chartres. Pas mal non plus!
L'arrivée au Bouscat (commune bordelaise dans le nord de l'agglomération) a été pénible car on entre tôt dans la zone urbaine. A cause des infrastructures, il faut faire attention au chemin à suivre car il bifurque souvent. Ajouté à cela, quand on sort de 20 journées en milieu rural, ça remue quelque peu ! Sinon, très bon accueil au gîte du pèlerin. Nous devions être 3 mais je me retrouve finalement seul. Je n'en dormirai que mieux !
Le vignoble du Médoc : c'est également du Bordeaux comme hier mais..... Pas au même prix à l'hectare!
Le château de Blanquefort est une forteresse médiévale érigée entre le XIe et le XVe siècle sur la commune de Blanquefort dans le département de la Gironde en France, au nord de Bordeaux, et aujourd'hui en ruine.
Lundi 30 août 2021
Jour 21
Le Bouscat / Gradignan (Bordeaux sud)
18km / 635km
Aujourd'hui, journée paisible. Le trajet nous fait profiter d'une petite visite de la ville en passant par certains lieux importants pour les pèlerins.
Je pensais que la traversée de la ville de Bordeaux serait plus compliquée. En fait, l'association locale des amis de Compostelle est très active. On trouve un gîte au nord de la ville, un au sud et la maison des pèlerins en plein centre. On ne peut rêver mieux !
Le gîte de Gradignan où je dors ce soir est grandiose. Ajouté à cela, une équipe de bénévoles est présente pour nous accueillir et nous donner tout renseignement utile pour la suite du voyage. La plupart sont d'anciens pèlerins ayant fait un ou plusieurs pèlerinages.
Le Palais Gallien est un amphithéâtre antique, construit au début du iie siècle[1], dans la ville gallo-romaine de Burdigala (Bordeaux), capitale de la province d'Aquitaine. Il n'en subsiste aujourd'hui que des vestiges, qui font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840.
Les quais : au bord de Garonne ( la Gironde ne commence qu'au Bec d'Ambès, là où se jette la Dordogne).
La cathédrale Saint André et la basilique Saint Michel. Particularité : elles ont leur clocher à côté et non sur l'édifice pour un souci de stabilité structurelle (on est sur un terrain sablonneux).
Mardi 31 août 2021
Jour 22
Gradignan / Le Barp
28km / 663km
Ça y est, j'ai retrouvé la campagne. Dans un premier temps, j'ai traversé de nouveau le vignoble bordelais au sud de la ville, le domaine des Graves, pour ensuite entrer dans la grande forêt des Landes afin de rejoindre le gîte municipal du Barp.
L'itinéraire dans la forêt est essentiellement tracé sur de longues portions de lignes droites, soit sur piste, soit sur petite route.
Un pèlerin belge, parti de Bruges pour Compostelle, m'a rattrapé, alors que je faisais une petite sieste après la pause déjeuner de midi. Comme nous allions au même endroit, nous avons terminé l'étape ensemble. Je ne suis plus seul! Bon, jusqu'à demain car son étape sera plus courte que la mienne.
Arrivés au gîte, nous sommes allés boire une bière ensemble pour confirmer l'amitié franco belge.
Jeudi 2 septembre 2021
Jour 24
Lilaire / Labouheyre
30km / 720km
Ça y est, je suis dans le département des Landes, dans le pays de Gascogne! À part cela, journée de grande solitude en grande partie à suivre les layons droits interminables de la forêt.
Avantage, cela permet d'observer quelques animaux : des lièvres et des chevreuils.
En ce qui concerne le temps : pluie légère sur une petite partie du trajet.
Arrivée au gîte l'arc-en-ciel de Labouheyre tenue par une association catholique.
Labouheyre est un village de la haute Lande qui héberge en particulier de nombreux travailleurs détachés au profit des exploitants agricoles du coin. Ils sont souvent logés dans des conditions plus que limites pour des salaires de misère. Cela s'apparente à de l'esclavagisme moderne.
On voit beaucoup de véhicules sur les routes locales les transportant vers les champs .
Église du XVème siècle du village Le Muret. Elle est entourée d'un muret afin que les bergers puissent venir à la messe en laissant leur troupeau à l'extérieur.
Vendredi 3 septembre 2021
Jour 25
Labouheyre / Lespéron
32km / 752km
ce fut une journée un peu difficile et surtout monotone. Le 1er tiers des 32 km se fait en longeant une autoroute, ce qui n'est pas des plus agréables, notamment pour les oreilles. Temps humide et à l'orage, ce qui rend la marche plus fatigante.
Il y a 3 inconvénients à progresser dans La Lande. Tout d'abord, ce sont de longues lignes droites monotones. Ensuite, le terrain est souvent sablonneux, ce qui rend la progression plus difficile. Enfin, dans certains endroits, les taons pullulent et n'arrêtent pas d'agresser pour piquer.
A l'arrivée au gîte communal de Lespéron, j'ai fait la connaissance de mon colocataire, un québecquois qui est parti de Paris pour Compostelle et ensuite Rome avec son chien.
Lespéron, comme tous les villages de la forêt des Landes, est très étendu. Quand on passe le panneau d'agglomération, on croit être arrivé. Que nenni, il reste souvent un bon bout de chemin à faire avant d'arriver au centre !
Lespéron : comme chaque village landais, son fronton; son mai ( arbre planté devant la maison à l'occasion d'un évènement familial). Jeff et sa chienne Faith.
Samedi 4 septembre 2021
Jour 26
Lespéron / Dax
36km / 788km
Ouf, j'ai quitté la Grande Lande. Après être parti de Lespéron ce matin, je suis passé par les villages de Taller (prononcer Tallé) et Gourbera. On quitte progressivement La Lande après Gourbera pour entrer dans le pays de Chalosse. Le chemin devient moins monotone. Beau temps sur tout l'itinéraire. Le village de Taller a la particularité d'être un lieu important pour les pèlerins. C'était l'endroit où ceux-ci faisaient étape dans un hospital construit à leur intention à l'écart du village (afin d'éviter les épidémies genre peste à l'époque). C'était un soulagement pour eux après avoir traversé La Lande avec son lot de moustiques, taons et surtout malfrats de toute sorte! Ce fut aussi le lieu d'une grande bataille : La bataille de Taller est le nom d'un combat militaire important qui a opposé vers 982 ou 983 à Taller le duc Guillaume Sanche de Gascogne à des Vikings.
L'arrivée à Dax après la traversée de Saint Paul les Dax est un peu fastidieuse.
Je loge ce soir chez une amie de longue date et son compagnon. Dax ne m'est pas inconnu. C'est une ville thermale où se trouve également l'école militaire formant les pilotes d'hélicoptères de tous les corps d'état français (EAALAT). J'y ai fait ma formation de pilote et y ai vécu 8 années en famille comme instructeur!
Le gemmage : une activité de récolte de la résine très active dans la région au XIXème et début XXème siècle pour la fabrication de la térébenthine.
Dax : son pont de pierre où les pèlerins passaient déjà à l'époque....sa fontaine d'eau chaude (64°). Ses arènes : incontournables dans la région !
Dimanche 5 septembre 2021
Jour 27
Dax /Sainte Marie de Gosse
33km / 821km
Journée de la plus chaude depuis mon départ (32°)! Heureusement qu'une grande partie du trajet était ombragée, essentiellement sur des petites routes.
L'itinéraire nous fait traverser la Chalosse au sud de Dax. Cela change du tout au tout par rapport à la Lande rectiligne. C'est un paysage de vallons et bien boisé le long des routes.
J'ai aperçu pour la première fois la chaîne des Pyrénées au niveau de Bélus qui est un des villages les plus hauts perchés du secteur !
J'ai quitté le chemin de Tours au niveau du village de Cagnotte afin de rejoindre Bayonne par Bélus et franchir l'Adour pour la deuxième fois à Port de Lanne. Je voulais poursuivre jusqu'à Urt mais c'était vraiment trop pour aujourd'hui.
Je me suis donc arrêté au niveau d'un petit hôtel de campagne sur la commune de Sainte Marie de Gosse.
Bien qu'il soit fermé le dimanche, la propriétaire a eu pitié du pauvre pèlerin en sueur. Elle a accepté de l'héberger et même de lui faire à dîner.
Que demander de plus ! Sinon, c'était bivouac!
Lundi 6 septembre 2021
Jour 28
Sainte Marie de Gosse / Bayonne
29km / 850km
J'ai quitté les Landes et suis entré dans le pays Basque! Le dernier fleuve est définitivement franchi, il ne reste plus que la frontière pour être en Espagne.
J'ai marché en partie sur une voie verte le long du fleuve Adour. Temps chaud à partir de midi (33°).
L'Adour s'écoule à partir de Dax dans des prairies inondables ( environ 12000 ha) nommées les Barthes. Elles sont exploitées pour la culture du maïs (beaucoup), du kiwi à partir des années 80, des plantations de peupliers, mais aussi pour l'élevage de la blonde d'Aquitaine (race de vache appréciée pour sa viande).
C'est une zone de nature généreuse : le cumul de pluie à l'année y est supérieur à celui de la Bretagne, c'est peu dire!
Je suis enfin à Bayonne. C'est une ville qui a donné son nom à la fameuse baïonnette, l'arme dont on équipe un fusil pour s'en servir comme arme blanche. La ville fut une importante manufacture d'armes jusqu'à la fin du XIXème siècle.
Je suis logé au tout nouveau gîte pèlerin en plein centre de Bayonne, juste à côté de la cathédrale.
Le château vieux. La citadelle, de l'autre du fleuve : c'est la maison du fameux 1er RPIMA, régiment parachutiste des Forces Spéciales.
Mardi 7 septembre 2021
Jour 29
Bayonne / Irun
41km / 891km
Y viva España!
Ça y est, je suis en Espagne ! 29 jours ! Pas mal quand même !
J'ai quitté les Pyrénées Atlantique, le Pays Basque, la Nouvelle Aquitaine et... La France !
Partis à 7 h 00 de Bayonne avec Bruno, un nantais qui débutait le camino, je l'ai abandonné à Saint Jean de Luz pour sa première étape. J'ai poursuivi mon chemin jusqu'à Irun, ma plus longue étape depuis mon départ. Cette étape, à partir de Saint Jean de Luz, se déroule essentiellement en suivant la route de la Corniche, avec plein de points de vue magnifiques.
A Hendaye, j'ai rencontré Hélène, une jeune fille qui ne savait pas où dormir à Irun. Je lui ai proposé de m'accompagner à la pension La Bidasoa pour qu'elle puisse aussi avoir une chambre, les prix étant très raisonnables. Malheureusement, à cause de la Covid, les auberges de jeunesse sont toutes fermées.
La pension, bien qu'étant modeste, possède tout le confort nécessaire à un pèlerin: un lit, une douche, un repas du soir et un petit déjeuner.